Je n’ai pas d’analyse intelligente à faire des résultats de l’élection américaine. Si je m’écoutais, je dirais simplement que le désir de fascisme n’avait jamais été aussi fort depuis les années 30, aux USA comme ailleurs en occident, qu’on va devoir en subir les conséquences dans les années qui viennent, et que cette élection n’est qu’un début
Évidemment j’espère me tromper, et je ne crois pas avoir de compétences particulières pour ce genre de prédictions
Mais je lis les nombreuses analyses à droite et à gauche. Elles divergent beaucoup les unes des autres, mais la plupart d’entre elles ont un point commun : elles font peser la responsabilité de la défaite démocrate sur les électeurs et électrices qui ont mal, ou carrément pas voté. À cause de leur obsession pour la Palestine, parce qu’ils s’illusionnent sur Trump, par ignorance de la réalité économique, par paresse, par bêtise, par pureté ou par égoïsme… Chacun y va de son explication par la faute des électeurs
Je comprends la logique de cette représentation des faits. Bien sûr, les choix des électeurs sont la cause directe des résultats. S’ils ont choisi de ne pas voter à cause de telle ou telle raison, cela à des conséquences immédiates
Mais je comprends nettement moins l’intérêt politique de faire ce type d’analyse ? Les électeurs ne se présentent pas aux élections, ils n’élaborent pas de programme, et ne modifieront pas leur stratégie pour les prochaines échéances en fonction de nos analyses de leurs comportements. Ils continueront à voter en fonction de leurs biais idéologiques et de leurs intérêts pour les programmes, les candidats et les campagnes réellement en présence
Les programmes et les candidats en lice sont certes des causes seulement indirectes des résultats, secondaires aux votes eux-mêmes, mais ce sont bien eux qui détiennent la responsabilité politique de faire une offre qui mobilise l’électorat. C’était la responsabilité des démocrates de fournir un contenu politique, ou même simplement électoral, susceptible de mobiliser les américains. Et c’est entièrement leur échec, pas celui des électeurs, qui sont souverains et le resteront (enfin espérons). Du côté de Trump, le contenu politique était certe dangereux, incohérent et idiot, mais il avait le mérite de mobiliser l’électorat, alors que les démocrates proposaient, tout au plus, un statu quo qui ne mobilise personne
Bref. Les analyses électorales qui aboutissent à un jugement moral des électeurs plutôt qu’à une évaluation des propositions politiques susceptibles de les mobiliser m’apparaissent être au mieux vaines, si ce n’est contre-productives, en ce qu’elles déresponsabilisent ceux-là même qui devraient endosser la responsabilité des résultats et modifier leur stratégie pour l’avenir. Une recette pour la défaite, à mon avis