Vous avez vu passer ces inquiétudes autour des nouvelles barges chinoises ?
Avec l’accélération manifeste du pivot des États-Unis vers la Chine, la crise économique dans laquelle Trump s’est plongé presque tout seul, lui et une part significative du commerce mondial, son agressivité économique généralisée, et le début du déclin démographique chinois, tous les incitatifs sont réunis pour qu’une éventuelle agression/annexion de Taïwan par la Chine ait lieu plus tôt que tard :
- le déclin démographique chinois (et donc industriel) rendra progressivement plus difficile une opération militaire de cette ampleur d’ici quelques années — peut-être une grosse décennie ;
- la guerre commerciale relancée par Trump, qui cible particulièrement la Chine (pas seulement via les nouveaux tarifs douaniers, mais aussi l’embargo sur les semi-conducteurs, crucial), tend à réduire significativement le couplage des économies, qui incite la Chine à préserver Taïwan, et les USA à intervenir pour la défendre ;
- attendre, pour Pékin, signifie laisser aux États-Unis le temps de se mobiliser efficacement dans la région, de rediriger le flux de munitions de l’Ukraine vers Taïwan, et de voir les tensions démographiques chinoises compliquer la mobilisation tant militaire qu’industrielle ;
- agir rapidement permettrait au contraire de profiter de la désorganisation politique américaine, et des dissensions actuelles dans le camp occidental.
Évidemment, si les États-Unis sont désorganisés politiquement, ils ne le sont pas militairement. Et Taïwan est déjà lourdement armée, malgré la “concurrence” ukrainienne pour les équipements critiques — en particulier les munitions (et contrairement à l’Ukraine, Taïwan ne pourra évidemment pas être ravitaillée en cours de conflit).
L’opération militaire nécessaire au contrôle de Taïwan resterait, dans tous les cas, extrêmement complexe sur le plan logistique, très risquée militairement, et probablement dévastatrice pour l’économie mondiale — celle de la Chine en premier lieu.
Bref. C’est évidemment de la politique-fiction, avec toutes les réserves que cela suppose. Je ne suis qu’un simple observateur, pas un spécialiste. Mais je ne serais pas surpris que les choses s’accélèrent dans les mois à venir, et que la “fenêtre d’opportunité” pour une invasion soit en réalité bien plus proche qu’on ne le croyait jusque là.
Tout dépend sans doute de la manière dont Pékin évalue les risques : une crise économique d’une ampleur existentielle (qu’une invasion provoquerait, quelle qu’en soit l’issue) pèse-t-elle plus ou moins lourd qu’une perte définitive de cette fenêtre stratégique ?
Rien de définitif ici — je pense “à voix haute” pour tenter d’y voir plus clair.