Aujourd’hui, ça fait exactement 20 ans que s’est tenu en France le référendum sur le traité constitutionnel européen.
J’avais participé activement à la campagne du non (notamment en donnant des “prêches” pour l’Église de la très sainte consommation, c’était vraiment le fun), et malgré la quasi-unanimité médiatique et politique, le non s’était imposé, sur une ligne de gauche, refusant ainsi clairement la constitutionnalisation des politiques néolibérales et austéritaires que ce texte contenait.
C’était la première fois (et aussi la dernière…) que je remportais une élection.
Deux ans plus tard, le parlement réuni en congrès votait pour le renversement de cette décision pourtant clairement exprimée par les citoyens, en ratifiant le traité de Lisbonne.
Ce fut, à mes yeux, la fin de l’illusion de la démocratie représentative. Ce régime, que l’on ne questionne pratiquement jamais, considéré comme le mètre étalon de la démocratie à travers le monde, venait de permettre à une poignée de gens — pas élus pour ça — de renverser une décision prise par l’ensemble des électeurs, au mépris de tout principe démocratique ou même simplement représentatif.
Ça a été, pour moi mais je pense être assez représentatif de ma génération sur ce point-là, un point de rupture dans ma représentation du régime dans lequel nous vivons.
Ce système, que je me représentais jusque-là comme une tentative certes imparfaite, mais honnête, d’accomplir la démocratie dans une société moderne et complexe, est soudain apparu pour ce qu’il est : une machine à illusions au service des puissants qui sont en mesure de la manipuler avec leurs armées de lobbyistes et leurs représentants menteurs.
Un peu plus tard, le traitement par l’UE et la troïka, et même par Tsípras à la fin, des décisions prises démocratiquement par le peuple grec fut un clou de plus dans ce cercueil. Sans parler évidemment du déni de démocratie flagrant à la suite des dernières élections législatives, il y a près d’un an, à l’issue desquelles les formations politiques qui ont perdu les élections ont continué à gouverner comme s’il ne s’était rien passé.
Et que dire de la supériorité morale dont se gargarisent en permanence les sociétés occidentales, justifiant toute intervention militaire au nom de cette démocratie de façade, sur laquelle elles s’essuient habituellement les pieds ?
Ce texte ne va nulle part. Je n’ai pas de but, pas de point à démontrer. Juste une lamentation devant la faiblesse démocratique de nos sociétés, faiblesse évidemment particulièrement inquiétante avec les fascistes aux portes du pouvoir un peu partout, quand ils n’y sont pas déjà (looking at you, Retailleau).
Il y a 20 ans, c’était la dernière fois que j’ai cru en la démocratie représentative moderne. Quel triste anniversaire !