Préface à Oublier Camus
L’universalisme n’est pas un heureux accident de la nature ; c’est la généralité arrachée aux particularités d’une situation concrète, d’une expérience concrète. Le plus souvent, il est médié par une langue commune ou, dans le cas de l’Europe, par un système commun de langues. Cela apparaît de façon particulièrement spectaculaire dans la colonialité et l’illusion d’universalité perpétuée par la langue du colonisateur, comme l’a noté Joyce à propos de la meilleure période de la littérature irlandaise. On est tenté d’avancer une idée similaire à propos de la génération de Franco-Algériens qui a succédé à Camus (Derrida, Cixous, Althusser, etc.), moment intellectuel lui aussi d’une immense richesse. Mais lorsque, avec la guerre, Camus s’installe en métropole, quelque chose d’autre, quelque chose de plus problématique, commence à se produire. ...